Ce que n'ont toujours pas intégré les groupes de deathcore qui s'en prennent à très juste titre plein la gueule (soit 90% d'entre eux), c'est qu'ils auront beau tenter de faire croire que leur existence est aussi légitime que les cadors qu'ils repompent et name-droppent (sauf quand ils citent des groupes trop obscurs comme Despised Icon, le groupe dont la renommée n'a pas dépassé la Canebière, respect quoi!), c'est que passé leur br00talité apparente, il n'y a jamais rien à gratter derrière. Et ça, c'est pas du blast recalé en studio, du riff-trémolo de seconde main et du growl balancé sans aucune conviction narrant des textes aussi flippants qu'un torche-cul de la collection "Chair de Poule" qui feront illusion auprès de l'auditeur ayant soufflé ses 12 bougies.

Allez pas croire pour autant que les Parisiens d'An[om]aly viennent de pondre avec "Disconformities" le "Through Silver In Blood" du deathcore hein, mais ce tout premier EP va péter suffisamment loin pour valoir le détour. Parce que là où les lascars font la différence, c'est en arrivant à faire émaner quelque chose de sournois de leur br00talité, à réussir à dégager une ambiance de par cet excès d'intensité. A la manière d'un Origin, grande influence ici, aussi bien au niveau des grattes/batterie qui se tirent la bourre perpétuellement qu'au niveau des jonglements au niveau du chant. A cette violence sourde, le quatuor y mêle la lourdeur alambiquée d'un Ion Dissonance, insufflant un gros feeling -core aux compositions.

Ce mélange donne une mixture proche de cette scène ricaine plus ou moins liée aux projets du gruikeur Big Chocolate qui tape autant dans le brutal death que dans le deathcore. Même si l'on n'atteint pas ici l'extrême brutalité des Disfiguring The Godess et autres Misericordiam, l'adjonction de samples et de parties plus atmosphériques rapprocheront Anomaly du côté limite expérimental d'un Malodorous. Et même si la démarche est plus que louable, le travail sur ces samples mériterait d'être bien plus poussé à l'avenir, ça éviterait d'avoir une intro (celle de "Chromosomes") à peine digne de Sidilarsen.

Plus sombres et plus violents que la grande majorité de leurs consanguins compatriotes, les gaziers d'An[om]aly ne succombent à aucun instant à la facilité même dans les écrasants ralentissements générateurs de moulinets qu'ils imposent. Rien n'a été baclé, des riffs supersoniques à la voix dont on sent la bouteille, entre growls surbaissés et lacérations vocales limite Convergiennes, avec en prime quelques raclements de mollards bien sentis. Même la production, plus qu'honnête bien que pas parfaite, sert à sa manière les compositions avec un léger côté brouillon qui accentue la violence de l'ensemble. Ces trois titres témoignent d'une véritable volonté de proposer quelque chose de différent, et y arrive avec les honneurs du jury. Rendez-vous à leur prochaine livraison histoire de confirmer leur statut de gros espoir de la br00talité à la française. Gruikorico!


Rédigé par : Crown_Me | 3,75/5 | Nb de lectures : 11400